Corps enlacés, esprits retranchés (PV Judas)

Nid douillet. La chaleur d’une danse des corps terminée il y a de cela quelques heures. Ce tango inlassable, ils le répètent bien souvent. A chaque fois que Tyne en ressent le besoin en réalité. Ils le connaissent par coeur. Et par corps. Il a juste à préparer quelques paquets de clopes comme excuse. Si excuse il y a encore besoin. Les bâtonnets de nicotine sont souvent oubliés dans un recoin de l’appartement. Ils seront allumés lorsque le feu de la passion se fera braise. Mais cette fois-ci, l’épuisement les a gagné en premier. Cueillis par le sommeil, ils n’ont même pas daigné donner de l’intérêt aux cigarettes. Ses yeux papillonnent. Les draps collent à sa peau. Désagréable. Il grimace. Il sait que s’il tend le bras, il trouverai le corps de son partenaire de danse. Cela leur arrive parfois de céder au sommeil… Il préfère néanmoins lorsqu’ils repartent chacun de leur côté après l’action. Plus simple. Economie d’énergie. Les relations sociales ne sont pas son fort. Ce n’est pas la respiration calme de Judas qui a déranger son sommeil. Pas plus que le soleil qui s’échappe de derrière les rideaux. Esprit embrumé. Il nage dans une mère de satisfaction. Mélange de ses émotions et celles de son acolyte. Paupières qui se closent à nouveau. Il veut préserver ce cocon de quiétude encore quelques instants. Dehors, le brouhaha de la rue hurle, étouffé par les murs. Pourtant, il se sent en sécurité. Il n’a pas l’habitude. Staten… le lieu n’a pourtant rien de charmant à ses yeux. Il attend que les bras de Morphée l’enlacent à nouveau. Cruel. Il se sent abandonné par le sommeil. Vibrations. Ses idées se mettent en place. Son téléphone. Raison de son réveil. L’appareil vibre à nouveau. Rappel à l’ordre. Qui peut dépenser autant d’énergie pour le faire réagir ? Son entourage sait à quel point il est peu réactif et ne prend même plus la peine de lui envoyer des messages. Cela ne peut qu’être une urgence. Ou un fan… Il attrape son téléphone en se redressant sur le lit. Mouvement plus brusque que ce qu’il imaginait, il emmène le drap avec lui et découvre Judas. Nudité dévoilée. Il l’ignore, concentré sur le petit écran devant ses yeux. A première vue rien d’encourageant… Que des contacts liés à Inferno. Ça pue les emmerdes. Il soupire. Il peut éteindre l’appareil et faire semblant que tout cela ne le concerne absolument pas. Il n’est pas connu pour son professionnalisme. « Merde. » Il en oublie l’endormi à ses côtés. Bah, qu’importe. Il se réveillera de toute façon tôt ou tard. Tyne n’est pas de ceux qui prennent facilement pitié. Les messages continuent d’affluer. Il se tente à en ouvrir un. Erreur. Les mots se jettent à son visage, achevant de le réveiller. Problème. Tant d’agitation n’augurait de toute façon rien de bon. Il soupire. Jure encore un peu. Inferno fait encore des siennes. A croire qu’il est impossible de gérer un bordel sans que cela ne dérape un jour ou l’autre. « Fais chier. » Adieu sa journée tranquille. Adieu son programme de luxure… Il se laisse tomber en arrière pour rebondir sur le matelas. Il n’a aucune envie de découvrir quel est exactement le problème… Il a déjà aperçu un nom cité dans le message et… ce n’est pas bon signe. Sylvenia. Source d’emmerdes incroyables. Jamais il n’aurait dû la recruter. A chaque fois on le blâme pour l’avoir engagé à Inferno. Il ne peut voir que le dos de Judas. Dort-il encore ? Dur à dire. Il n’a pas entendu de grognement mais n’y a pas fait attention non plus… Il sait comment motiver le réveil de l’autre homme. Il s’approche de lui. Serpent déterminé. Ses doigts se posent délicatement sur la peau nue de son épaule. Effleurement. Peau qui se réchauffe sous la caresse. Il aime ce contact des corps. Bien vite ses lèvres joignent sa main. Il voyage sur cette peau qu’il connaît depuis maintenant quelques temps. Il glisse dans le creux du cou. Là où la chaire est tendre et où les dents se montrent plus aventureuses. Il mordille. Sauvage. Il surplombe désormais Judas de son corps. Murmure à son oreille. « Tu ne regretteras pas de te réveiller… » Le piège est tendu. Venin répandu… Est-ce que la proie est contaminée ? Il est prêt à faire bien plus que quelques baisers déposés s’il le faut. Sa main se promène le long des reins. Plus bas. Le plis de l’aine est vite trouvé. Il attend un signe de la part de l’homme. Il n’a rien contre le mettre de bonne humeur pour qu’il soit plus… coopératif. Savoir utiliser ses atouts. Il ne travaille pas dans le milieu du sexe pour rien. Il en a des choses à enseigner… Sa langue s’attarde au lobe. Un peu de motivation pour le mercenaire. Il mérite bien ça. Il n’a pas envie d’utiliser son pouvoir pour le moment… Les choses peuvent se faire naturellement, non ? « S’il-te-plaît ? » Le mot l’écorche la bouche. Il n’aime pas demander poliment…