sometimes even to live is an act of courage (naïlen)

le vent est doux, à caresser sa nuque au gré d’une mélodie silencieuse qui flotte et traverse les couleurs du ciel. les couleurs qui se réveillent, laisse un voile frais dans son gilet trop grand. et les cheveux se laissent porter par la ville qui s’illumine, s’éveille aux bruits de voiture et de pas. le pastel se lève, le bleu et le rose qui se mélangent en un orange doux. un pied dans le vide, un genou remonté contre la poitrine, son menton est posé pour appréhender le nouveau jour - peut-être un jour, le nouveau elle.
prendre le temps de respirer, d’oublier un instant comme la nuit peut faire peur mais à quel point elle est éphémère et toujours, le soleil prendra la relève.
assise sur le toit, l’enfant de l’aurore trouve son élément, trouve le souffle qui lui a manqué durant l’obscurité accablante. la douceur des cieux cache l’horreur du coeur et les voix résonnent, les secondes se répètent et jamais elle n’arrivera à se sortir du cercle. cercle vicieux qu’elle n’a pas voulu intégrer, tirée de force dans le vice qui pourrit jusqu’aux ongles et qui sillonne l’âme pour s’y accrocher, pour ne jamais te laisser partir. les songes sombres tentent de se faire balayer par les quelques rayons du soleil qui transpercent les nuages mais ils s’accrochent, s’accrochent toujours et la brune capitule; la nuit l’obsède, a attrapé son âme pour l’acheter de force au jour et elle se trouve piégée entre les deux.

les prunelles noisettes se lèvent alors sur la silhouette qui la rejoint, qu’elle a invitée et elle sourit, naïla. sourire caché entre ses doigts. le visage penché pour mieux le voir de sa hauteur, elle a l’oeil plissé à cause de la lumière du soleil encore trop basse à cette heure. “you finally came.” parce qu’il est tôt, beaucoup trop tôt, elle n’était pas sûre qu’il réponde à l’appel, allen. mais c’est presque soulagée qu’elle invite l’humain à s’asseoir près d’elle, à partager le moment suspendu en hauteur.
elle ne voulait pas être seule, naïla, seule pour affronter le nouveau jour qui s’accumule avec les autres. elle ne voulait pas être, quitte à partager un secret, autant que ce soit avec lui.
elle savait pas bien pourquoi, pourquoi c’était si simple de ne pas culpabiliser d’être elle-même mais c’est ce dont elle avait besoin, à ce moment, juste maintenant. “thought you were sleeping - maybe you haven’t start your night yet.” le sourire mordant, elle laisse son genou tomber, la cuisse qui rencontre le rebords et les deux mains cachées sous ses fesses. presque timide, elle évite les regards, elle évite de le fixer. “i just wanted to show you this.” this. son monde, quelque part, perdu entre la nuit et le jour. quelque part, perdu entre le sommeil et la vie. un quelque part perdu entre les mondes qui se battent mais eux, ils sont trop hauts pour y participer, contemplent seulement la vie du monde. ici, entre les murs pastels et les couleurs par milliers. entre le coeur de magie et de l’humanité. elle tient la main aux différences pour ne jamais les perdre, pour les chérir et les nourrir. différents; c’est ce qu’ils sont. si différents que naïla ne le regarde pas de face, allen. confrontée à ses craintes les plus profondes, elle n’arrive à se détacher de ce qui la prend, l’enlace et si fort que ça fait mal. elle n’y arrive pas, autant qu’elle ne veut pas.