Casse-Noisettes contre le Roi des Souris { Evazz

Alors qu’on se mette tous d’accord : il ne s’agit aucunement d’un plan mûrement réfléchi. On parle de Jazz. C’est bon, les choses sont claires ? Bon cela ne veut pas dire non plus que c’est entièrement un coup de tête, pour être franche. Si ç’avait été le cas, la demoiselle serait sortie, telle une tornade rousse de leur appartement, aurait conduit directement jusqu’au cœur de l’Automne pour s’occuper tout de suite du problème. Et ce n’est pas le cas. Peut-on alors parler de semi-préméditation ? Nous laisserons le jury en débattre. Pour l’heure, retrouvons donc une de nos protagonistes en train de pianoter sur le volant de sa voiture. Garée depuis quelques minutes devant un immeuble bien précis, elle en surveille l’entrée. De temps en temps, un juron coloré lui échappe, un peu comme un hoquet, ou comme s’il s’agissait d’une vieille folle se parlant à elle-même. D’ailleurs en tendant l’oreille, vous pourrez sans doute collecter quelques bribes vous disant que c’est effectivement le cas. « Fucking asshole couldn’t stay away. » est parmi les phrases récurrentes ainsi que « Should have taken care of that sooner, that motherfucker. » Enfin, de jolies pensées semblent donc traverser l’esprit de la délicate fille d’ l’Aube. Cela fait bientôt une heure qu’elle est stationnée de la sorte, autant vous dire une éternité sur la timeline d’une Jazz. Bien trop longtemps pour que sa présence soit un hasard. Elle attend donc quelqu’un. Comment elle s’est procuré l’adresse ? Bon allez, on vous dit tout, il s’agit de celle de son père. Si c’est de son père qu’elle parle en ces termes colorés ? Pas du tout. Il est vrai que leurs rapports ont toujours été compliqués, mais on n’en est pas là. Non, la personne pour laquelle elle planque de la sorte … vient de sortir du bâtiment. Arrachant d’ailleurs un grognement bestial à la jeune femme.

Evan-fucking-Khell. Il ne l’a pas repérée, et tant mieux. Il ne doit sans doute pas s’attendre à avoir de la visite et sûrement pas ici. Faisant le moins de bruit possible – ce qui est plutôt difficile pour elle, croyez le bien – elle s’extirpe de son tas de ferraille préféré pour s’approcher. Ah. Rien que le voir l’énerve. Et pourtant, cela ne fait pas si longtemps, même si lui n’en a aucune idée. C’est par hasard qu’elle s’est rendu compte que son père prodiguait certains enseignements au jeune homme, ce qu’il l’a bien évidemment rendue folle. Non content d’avoir brisé le cœur de l’homme de sa vie, il fallait en plus qu’il vole du temps libre de son paternel ! Mais elle a toujours su se contenir, non par maturité, mais juste parce qu’il n’est pas question que sieur son père ait la satisfaction de penser qu’elle en a quelque chose à faire. non. Elle l’aurait bien ignoré plus longtemps. Mais il a repris contact avec Kael. Une erreur ? Non. Une faute. Et une condamnation à mort immédiate. Alors qu’on respire, Jazz n’est pas une meurtrière. Quoique. Non, il y a quelque chose qu’elle fait beaucoup, beaucoup mieux. Et si elle n’est pas très grande, si elle n’a pas la moindre chance face à un Autumn ? Allez dire ça à quelqu’un que ça intéresse. Parce qu’elle, pour le moment, elle s’en fout. Et c’est d’ailleurs surgissant entre deux voitures après avoir traversé la rue de manière tout sauf safe qu’elle lui tombe dessus. Ne lui laisse pas le temps de réagir. Attrape ses épaules et lui envoie le genou dans les valseuses. Sans semonce, avant de le repousser. « That’s for coming back in his life. » Et elle serait bien partie directement, mais … finalement, non. Elle n’a pas attendu une heure de sa vie juste pour mériter encore plus son surnom de « casse-noisettes ». Les poings sur les hanches, elle n’attend pas qu’il se relève pour enchaîner. Juste avec la voix, même si elle meurt d’envie de lui balancer un nouveau coup, pour la forme. « He was better off without you, you fucking asshole ! » Et encore. Ce n’est sans doute pas assez fort. Peut-être devrait-elle le re-frapper. M’enfin, pas suicidaire non plus, ni folle, la guêpe !