Yama-Umba [leader de la rebellion]

Le sol s'effrite. Lentement. Il supplie qu'on cesse de mourir dans ses recoins. Il pleure ces âmes si fragiles qui autrefois brillaient sous des mensonges si humain... l'humain ment-il toujours? A-t-il toujours le temps... ou l'envie? Le mensonge se voit, se sent, vous tue. Les secrets aussi, pourtant Yama-Umba est encore debout. Il est à lui seul un secret et s'y complaît. L'ombre, lente, les pans de son manteau lourd qui accusent le vent viscéral d'une île que les sorciers ne comblent pas de leurs bienfaits. Bâtards à pouvoir, traîtres bipèdes qui n'ont pas même de compassion pour leurs semblables, ni pour ceux qu'ils ont asservi. Yama-Umba. Peu de lumière. Yama-Umba. Au souffle qui se confond avec le brouillard quand il tombe. Lunettes sombres qui planquent un regard non moins coupant que son âme. Bonté aveugle, jugement impossible à maîtriser. La main d'une chose bien plus indescriptible dont il est le messager et l'artisan dévoué. Yama-Umba, le "sans remord", le "sans regret", le "sans pitié", parce que ces trois critères sont la panache des grands-mères, des gosses, et des idiots, ou des lâches. Yama-Umba, hors du temps, hors de l'espace, dans un monde dicté par une seule carte, sa gemme. Il a quitté la ligne habituelle de tout humain, un fil invisible sur lequel il marche sans le savoir depuis bien longtemps. Il se dit pourtant n'être qu'une pâle copie du meilleur des humains, croyant dur comme fer en lui, aveugle précaire, canne volontairement maladroite devant les enfoirés et les sorciers. Laisser l'autre croire qu'il est faible, qu'il est à la merci, pour ne jamais se trahir. Yama-Umba, venant avec l'obscurité, et disparaissant quand le soleil de l'hiver franchit l'antre-demeure. Poussant les portes quand le chemin l'y mène. On prie, on l'y attend, en espérant qu'il voit le mal horrible qui dévore celui qu'on pleure. Et quand il arrive, il effraie de par son aura insensible, qu'on se prend comme un mur dans la gueule, avant de voir ses mains. Mains du monde, mains marquées, par la mort, par la vie, mains horribles du jugement. Parfois on l'a détesté, parce qu'il n'a pu soigné. Parfois on voudrait le séquestrer pour s'assurer la vie et la santé. Parfois on voudrait lui sauter dans les bras. parfois... trop de parfois. On ne le fait jamais parce qu'il est déjà reparti ou qu'il ne le permettrait pas. Il touche mais ne se fait pas toucher. Il évite. Cette distance lui permet de perpétuer un respect, un secret. Trop de familiarité met en confiance... et la confiance rend bavard. Cela amène forcément à une trahison. Les années passent et sa libido bien que présente n'est plus un frein à son self Control, il s'en passe. Alors, comme un prophète, il passe et repart. Il fait ce pour quoi on l'a choisi. Yama-Umba a emporté avec lui ce qu'il a du. Les maux, les digérant avec douleur mais en silence.

Yama-Umba. Légende qui pulse son coeur, en morceau, fragmenté, tenu par les fils d'une pierre qui essaie de le rafistoler sans pouvoir. Elle tient. Lui aussi et tout deux n'arrêteront jamais. Il nettoie le monde, en permettant aux bonnes âmes de vivre, et aux mauvaises âmes de payer le poids de leurs pêchés dûment accomplis sans vergogne. Scrupules? Absents de son âmes de dévoreur de souffrances. Comme Yama-Umba, la bouche qu'il devrait avoir sur la tête, aussi immonde puisse-t-elle vous paraître, n'est que la métamorphe de ce qu'il avale psychologiquement et psychiatriquement parlant au travers de tout ce merdier. Bouffant par les deux bouts toutes les virulences d'un peuple qui n'en peut plus, qui hurle sa haine, sa douleur, qui se divise dans leurs âmes elles-même, qui demande à se battre avec des armes plus grandes, qui veut tout exploser et aller brûler leurs certitudes... Yama-Umba... celui qui a décidé de leur donner son existence, prolongeant leur vie, soignant leurs défaillances, les guidant au mieux vers ce qu'il souhaite, les unissant par sagesse, les empêchant aussi de faire de trop grosses conneries en désordre... Il n'a jamais aussi bien vu que depuis que les âmes malades et les corps pourrissant ne se soient multipliés. La crise est à son apogée. Aujourd'hui, il peut éviter les gens dans la rue, ne pouvant pas les soigner en public, mais tous ou presque souffrent de maux. Cette lumière bleutée qu'ils dégagent... il aime à dire que le jour où il aura payer sa dette à l'humanité, sera celui où il ne verra plus du tout... comme avant.

Avant. Le noir. En permanence. Le rejet. La pauvreté qu'il apprit à comprendre à encaisser. Élevé par une mère débordée, orphelinat pendant aux seins de quelques femmes épuisées, dont il est le fils unique légitime mais laissé pour absence de vue. Il ne leur en veut plus, il a oublié d'en vouloir à autrui aujourd'hui. La rancune n'est pas un sentiment constructif. Petit, pourtant il voulait tous les tuer. Il a fait du mal à ses petits congénères, les frappant, les mordant, piquant des crises pour recevoir cette attention... aveugle et tout seul, on l'a puni, ne comprenant pas son besoin. Il a appris comme il pouvait et a trouvé en une petite mamie qui racontait le monde au travers les livres. Il a tout écouté, bu , retenu, il s'est instruit avec envie, très tôt, trop tôt, avide de connaissances pour combler son manque de sens. Il a développé son toucher, son ouïe, son odorat. Il a appris à se battre au son, bien qu'il ne fusse pas aussi agile de ses congénères dans la rue mais son self-défense n'est pas à négliger. Bien plus encore aujourd'hui après ces années de maîtrise au corps à corps. Pourtant il ne l'utilise jamais. Partisan du pacifisme. Disons que les autres ne sont pas sages, il en faut bien un dans le tas n'est-il pas? Mais à l'époque, il n'en était rien. Il était avide de tout. Savoir, violence, filles, la nature ne l'ayant pas si mal pourvu physiquement bien qu'il ne se soit jamais vu. Il a rapidement dépassé les autres en taille. Il a tellement haï les sorciers. Les sales coups, les trafics... il a fini par perdre son père dans ces business, étouffés par les autorités sorcières. Il a compris par la force des choses qu'ils étaient condamnés... le coup de point vu encore plus violent quand il tomba malade. S'étant concentré sur l'orphelinat, plutôt que la haine du monde, oubliant ses cicatrices physiques et psychiques, il s'était fait un chemin. Le destin, saloperie endimanchée, l'a retrouvé à un coin de rue: tiens si j'te filais une tumeur toi, personne n'en a dans le quartier.

La descente aux enfers, lui qui pensait l'avoir déjà connu, y être... il y a visiblement plusieurs étages. Dante avait raison. Emporte moi tout au fond. L'eau se mit à avoir le gout de pétrole... Maigreur qui se ficelle à ses muscles, persistant à rester. Tout lâche. Sa jambe gauche, ou la droit ou une main qu'il ne ferme plus pendant plusieurs heures. Vomissement. Troubles des repères. Envies disparues. Appétit précaires. Ses organes brûlent, le sang se fait présent. Au nez, aux oreilles parfois...Il vu le néant, a touché les prémices de la merde à l'état pur. L'envie de mourir mais la mort se fout de sa gueule et l'empêche d'avoir la force de faire les gestes qu'il peut encore faire... Les étoiles, il n'y croit plus, il ne croit plus en rien. Il n'a plus le temps d'être en colère, plus le temps de pleurer, d'angoisser, de s'en vouloir. Il a tout donné pour ces têtes blondes, mais il se dit qu'il n'a pas fait assez qu'il aurait pu faire encore. Tellement plus. Même avant. La force de respirer, il ne l'a que peu. Son sommeil se fait long et on sait qu'un jour il ne se réveillera pas. Mais pou lui "lui plutôt qu'un autre", c'est mieux comme ça. Il est juste mal, mal de ne pas pouvoir être là si un jour ils s'unissent et se battent. Mal de ne pas pouvoir les pousser, les pulser, les unir si ça déraille... il n'a rien d'un leader pourtant. On le connait, lui et sa famille... les ramasses-marmots. Beaucoup ont grandi sous les seins de ces bonnes femmes...

Mais il meurt. La vieille de son enfance disait : "le destin est écrit, tu ne pourras jamais le contourner. Il te donnera l'impression de choisir mais si tu dois faire une chose, tu le feras, à contre cœur ou non. Y compris mourir"
A présent, il sait. La maladie lui a apporté sagesse, absence de haine, droiture et loyauté, un niveau que peu peuvent se targuer d'être. Il n'est plus Kasbëel, il est "eux". Ses yeux voient enfin. Il meurt. Sa dernière promenade. Sa dernière fois pour être humain. Tout bascule. La gemme prend la vie de celui qui voulait lui offrir sa dernière marche. La brûlure dans tout son être a été pire que la maladie, l'a couché, lui a tout flingué, il a eu l'impression d'être irradié dans chaque cellule, jusqu'aux gênes. Il ne sait pas où elle s'est fourré en lui, mais il la sent en son ventre, quelque part, sous le cœur peut-être...

Il est devenu Yama-Umba. La brume l'a réveillé et il n'a pu ramener son ami à la vie. Il l'a ramené, lui, debout, jamais aussi droit depuis des années. Son regard a changé, ses gestes, son âme. Il est "eux". Et chaque pas aujourd'hui, chaque geste, n'est mu que par une motivation: qu'ils restent debout. Qu'ils marchent. Qu'ils ne baissent plus les yeux. Qu'ils voient pour lui et reconquissent ce monde. Pour respirer. Pour vivre. Pour la liberté. De fil en aiguille, quand il sortait d'une maison puis d'une autre on lui a dit : "faites nous signe si quelque chose arrive et on viendra. On est avec vous." Il n'a pas compris au début, pensant qu'on le prenait pour quelqu'un d'autres, mais ... aujourd'hui, il a compris, qu'ils attendent... une route. Une union. Une motivation. Une... vie. A son insu, il est devenu un référant mais ne veut pas être connu. On tait son nom, c'est la règle ou il disparaîtra. Et quand on veut le voir, on laisse un mot à la vieille femme chez qui il a une chambre modeste. C'est elle qui passe les mots et vous le trouverez là où vous avez demandé à le rencontrer s'il considère que c'est sûr. A moins de squatter chez lui, mais vous risquez de vous prendre ses foudres.



La rebellion "BLIND BUT NOT STUPID"
Kas a grandi dans cet esprit d'insoumission aux sorciers. Il n'a jamais travaillé pour eux et s'est toujours concentré sur les siens et leurs besoins. Il a donc une vision assez protectrice de la chose. Il n'a jamais toléré qu'un sorcier s'en prenne à un humain, mais le contraire est aussi assez vrai. Il sait d'expérience que tous les sorciers ne sont pas mauvais, et il ne tolère pas qu'on se défoule sur un sorcier qui a passé sa vie à veiller sur les humains, en douce ou non, ou qui aimerait l'égalité et ne leur a jamais fait de mal. Temporisé et réfléchi, il sait se montrer sage, mais ne se soumettra jamais, et s'il doit mourir, le fera sans s'abaisser ou demander clémence. Les rafles passées sur les siens, lors de la chute du dernier leader, il ne les a pas oublié, et fera tout pour que les pertes soient minimes, même s'il sait que... malheureusement, il ne pourra sauver tout le monde... ça le rend déjà bien assez malade. Son rôle officiel dans cette rébellion a été déclenché à son insu. A la base, c'est sa place de guérisseur nouveau qui l'a propulsé sur la devanture cachée des souhaits des plus démunis. On lui a dit qu'on le suivrait s'il avait besoin. De fil en aiguille, il a sans le vouloir acquis un rôle qu'il n'a pas vu venir. il l'assume et si on le demande à un endroit, peu importe la façon, ou la raison, il s'y rendra s'il estime que c'est dans l’intérêt des siens. Est-ce qu'il est prêt à la guerre? Il sait qu'elle est inévitable. Il la souhaite juste la moins sanguinaire possible. Est-ce qu'il y risquerait sa peau? Sans aucun doute, il ne laisserait jamais personne derrière. Est-ce qu'il est pour la négociation? Absolument. Est-ce qu'il accepterait des compromis, qui n'impliquerait pas d'égalité entre humains et sorciers ? Certainement, c'est l'égalité ou rien. Il ne veut pas la soumission des sorciers non plus et ne cautionne pas le comportement de ses ancêtres, mais ne veut pas pour autant que la situation reste comme elle est. Est-ce qu'il pourrait tuer s'il n'avait pas le choix? Il ne le pourrait pas, sa gemme l'en empêcherait, ce qui lui impose aussi une obligation de trouver d'autres solutions au grand ménage, qu'ils ne sont de toute façon pas en mesure de faire, vu leur nombre et leur faiblesse générale. Il opte pour d'autres solutions qui divergent avec son prédécesseur. Prédécesseur qu'il n'a jamais connu d'ailleurs. Il ne faisait pas parti de leur rang avant la pluie d'étoiles et son don, il n'était qu'un aveugle dans un trou miteux. C'est aussi pour ça que beaucoup acceptent de le suivre. Il est bizarre mais loin d'être con, il voit aussi des choses qu'eux ne peuvent voir, il possède la vie dans les mains et il ne perd jamais son calme. De petites choses, mais suffisantes pour gagner la confiance de bien des leurs. Il est le père, le frère, le gosse qui a grandi avec eux, et il porte les stigmates de leur déchéance, sans pour autant plier le genou. Ce qu'il pense des coven? Il ne juge pas avant de s'y être confronté et même s'il est connu des siens, il s'arrange pour taire son vrai nom. Seul le surnom subsiste c'est mieux ainsi. Les plus proches de lui dans la rébellion savent toujours où le trouver. Trouvez-les et vous le trouverez. Les actions qu'il prône? Certains rebelles les prônent tout seul malheureusement. il est dur de les contrôler, en revanche, il l'écoute quand ils se rendent compte qu'ils ont merdé. Il commence à imposer son autorité sage sur eux, au fur et à mesure de leurs conneries respectives. Pour qu'un enfant te respecte, préviens les, laisse les faire leurs conneries et quand ils reviennent, dis leur "je t'avais prévenu" en les soignant. Mais précise leur bien qu'un jour ils iront trop loin et que ton don refusera de les soigner, et là , ils sauront que plus personne ne les soutient et qu'ils auraient du écouter. Semaines après semaines, ils se sont tous rendus compte qu'il ne suffisait pas de faire des actions isolés, de piéger, ou de tuer par ci par là... parce qu'il y a des choses qu'on ne peut pas régler si rapidement. ça en gonfle certains, d'autres s'énervent de ne pas aller assez vite assez violemment. Mais au fond, tous commencent à comprendre que s'ils n'étaient pas là pour temporiser un peu tout ce merdier, beaucoup trop seraient morts. Les objectifs prioritaires sont la protection, le ravitaillement et la formation de ceux qui gonflent les rangs. Une population faible ne sert à rien. La cécité de Kas lui a prouvé une chose: il est facile de tromper les sens de ceux qui voient. Il fait donc en sorte de les laisser voir ce qu'ils veulent et peu à peu, il inversera la balance avec les siens. Il ne se considère pas comme étant l'homme de l'action, mais il est celui qui huile les rouages en s'assurant que tout s’emboîtent bien.