Hotter Than Hell (Kregan)

Froid. Le froid. C'était ça. Ce qui mordait sa peau, remontait le long de son échine en un long frisson nauséeux. Caressant son derme couvert d'ecchymoses endolories, ses membres rendus apathiques, amorphes, sous la piqûre de leurs fardeaux. Comme un réflexe, éveillé dans la bassesse de ses instincts léthargiques. Quelqu'un marchait, dans le manteau enténébré dans lequel était plongé la pièce. Seules quelques rares lueurs ouatées, brûlant de leurs dernières lumières sur le point d'imploser, telle des novas à l'agonie. Le parquet, craquant, couinant, vomissant ces cendres poussiéreuses, ces relents de tabacs s'étreignant à sa respiration lourde. Saccadée. Ce torse frêle, nu, sous les orbes inquisitrices d'une ombre géante. Terrifiante. L'on m'as dit que tu t'étais fait battre par un autre garçon de ton âge, aujourd'hui. Tremblement inaudible. Prunelles basses, échouées, de la persistance angoissante de cette tonalité basse, grondantes. La poigne revêche de doigts jaunies par un trop plein de tabac s'agrippant à la lisière de son menton glabre. Et la peur. Rôdeuse. Insidieuse. Agrippée à ses entrailles en un étau inextricable. Dans l'antre dédaléenne de ces orbes exorbitées. La peur. Elle. Incrustée, maculée, tatouée aux fenêtres de ses voiles aveugles. Les chiens fous n'ont que c'qu'ils méritent.



Le toucher. Cette sensation exiguë. Mortifiée sur sa carne violacée. L'abandon délibéré. La naïveté, la candeur, échoué dans son regard rêveur. De ce garçon, cet enfant-homme ayant grandis trop vite. Trop tôt. Le matelas affaissé sous son poids geignait comme l'on écorche un porc pour en subtiliser sa chair rougeoyante. Sa dextre, sa senestre se mouvant sur les couvertures éparses frottait contre la rugosité de ses paumes en un amas d'échardes épineuses. Et bientôt, contre sa joue, ce fut l'envers du monde qui se retourna. Comme au premier jour. Ses prunelles se perdait sur cet unique rayon solaire. Sa main, se tendant, dans l'espoir d'y agripper les minuscules constellations, miettes stellaires. La silhouette lugubre d'un monstre grandissait au seuil de la porte, recouvrant la pièce de ces ombres voraces, néfastes. Jusqu'à l'en dévorer de ces griffes noirâtres. Perçant l'espoir du glas de ses rangers trempées, imbibant les planches d'humidités. Une voix l'extirpa à sa torpeur, de l'antre monstrueuses de songes d'épouvantes. D'un bond, il repoussa ce corps dont il ne percevait plus les galbes lascifs. Quoi ? Seul demeurait les réminiscences de cette entité sauvage, de son haleine nauséabonde s'évadant contre ses oreilles et des rougeurs maculant son derme. Vas t'faire foutre !



Une couronne, un halo de mèches indisciplinées, des prunelles pâles, délavées, emplie de crevasses hiémales. Et toujours, ce mécontentement de l'arc ombrageux de ses sourcils froncés, cette impétuosité dévalant le long des fêlures d'un miroir azuréen. Une sorte d'écho. Un rappel. Pour ces deux bêtes enragées qui se toisent de leurs fiertés indomptables. C'est tout c'que t'as, Stark ? Tu frappe comme une putain d'fillette. La bravade de phalanges brisées, violacées, l'incitation, le défi brûlant d'une irascibilité à fleur de peau. Et leurs sourires vaillants, fous, inconscients aux bords de leurs lippes exaltées. Eux. Et leurs chimères odieuses en signe d'un espoir alarmant.


Un magma brûlant dans les veines, la coulée de lave rongeant sa peau, dévalant les dénivelé des monts de sa carne bouillante. Les lèvres rêches, tremblantes et les prunelles couvertes d'un voile fiévreux. La fièvre. C'était ça. Même la froideur du sol pierreux semblait moindre face au feu, cette chambre magmatique, s'étreignant aux parcelles de son derme ardent. Sans doute, l'avait-il rêvé, de ces prunelles aux fleuves d'encres s'entrechoquant aux siennes. À la morsure fugace de ces jumelles entrées en collision avec les siennes. Puis le sommeil. Lourd. Profond. Un panorama kaléidoscopique dansant à la lisière de ces océans sauvages, indomptés. Et au réveil. Aux abords de ces grèves ocreuses, le doux remous des vagues et de sa houle turbulente. Le crépitement du feu et cette silhouette, de dos, ce regard penché au dessus des flammes, tel un gardien veillant sur le temple de sa psyché. Tes resté... Bram.