Lights will guide you home {Kishana}

I dig 'til my shovel tells a secret,
Swear to the earth that I will keep it,
Brush off the dirt
And let my change of heart occur.  

Drôle de lubie que d’arracher les pétales d’une fleur pour mesurer l’amour de l’être aimé. L’index et le pouce qui s’allient contre ce petit morceau d’être, lui arrachent sa belle parure en récitant cette incantation enfantine, automatique, Il m’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout. C’est peut être ça, l’amour, quand on y pense. Cette constante remise en question, le doute qui épouse la violence d’un acte qui nous paraît si anodin. S’emparer de la beauté d’un autre avec autant de facilité, le caresser une fraction de seconde avant de le laisser s’envoler et recommencer jusqu’à ce que la créature ne soit plus qu’une tige nue et exposée. Le pollen grignoté qui coule sur les ongles, invisible, aérien, trace d’une vie éphémère bousillée par la simple envie de valoriser un amour imaginaire. Mais toi, Kishana, tu n’y arrives pas. Pour toi, l’amour n’a pas de mesure, on aime sans jamais en attendre en retour, on se donne corps et âme parce qu’il n’y a rien de plus beau qu’un sourire sincère sur un visage si longtemps éteint.


See it all
Just go and solve it all

Elle avait le sourire si doux. Cette fossette qui se creusait dans sa joue, l’étincelle qui illuminait ses pupilles, la chanson du rire qui dansait entre ses mèches folles, caresses d’enfant et chaleur maternelle, elle était ton unique modèle. Tes pieds qui épousent les traces qu’elle a laissé dans la terre de l’héritage, un jeu où les similitudes s’assemblent pour former ce portrait dont tu partages les traits. Elle est là, tout près, et tu sens que tu peux la toucher mais tu as beau tendre la main, encore et encore, elle ne cesse de s’éloigner, comme cette brise d’été qui caresse le bout de tes doigts. Ce n’est pas grave, Kishana, ce n’est pas grave. La douleur saisit le coeur alors que la fleur s’est fanée, tu ne peux plus revenir en arrière et tes larmes ne sont pas suffisantes pour lui redonner l’éclat de la vie. Mais ce n’est pas grave parce que tu es tellement plus qu’une simple ombre derrière l’arbre majestueux qu’était Afeni Harden. Ce n’est qu’une question de temps avant que les bourgeons qui papillonnent au bout de tes branches ne deviennent de magnifiques fleurs qui feront rougir de jalousie le reste de la forêt.


I’ll jump rope with my ball and chain
Come by and knock on my house of cards
If it falls I'll rebuild it from the start
I won’t listen to you, do what I wanna do

La Faune et la Flore se complètent toujours avec cette délicatesse maladroite, cette ironie animale qui préserve l’amour des tâches de la jalousie et de l’abandon. Zaniel, il avait dans le regard cette bestialité qui ravageait sa rétine. Tu le savais bien, n’est-ce pas ? Tu savais que tu ne serais jamais en mesure de le tempérer aussi bien que Maman. Alors tu fermes les yeux. Tu fermes les yeux devant sa silhouette dissimulée entre les figures fantomatiques des êtres épiés. Tu fermes les yeux devant l’ombre instable qui rase les murs de cette demeure vide. Tu fermes les yeux devant le danger, les risques, l’inconscience, devant ce couteau invisible qui caresse la gorge de ton frère.


I'll find a four leaf clover
You can't tell me this now
This far down the line
That you're never, ever gonna get over me.

Tout est parti d’une simple caresse. Une main dans la tienne. Ses doigts entre les tiens. Une chaleur diffusée par cet unique connexion. Cela t’a suffit à tomber sous son charme. Mais, Kishana, tu devrais le savoir, que les plus belles roses du jardins sont souvent celles dont les épines s’enfoncent le plus profondément. La magie n’habitait pas son corps, cette caresse était pourtant époustouflante. Étincelles qui parcourent tes muscles, se logent entre tes organes, imprègnent ton myocarde pour le faire battre à tout rompre. Un sortilège humain qui s’est plié à ta nature méfiante, dure décision que de mettre un terme à cette relation interdite. Mais la chaleur de cette caresse ne quittera jamais véritablement le creux de ta main.